Jean Teysseyre
Né à Layrac le 11 mars 1824,
Prêtre le 23 décembre 1848
professeur de mathématiques et d’Anglais au
Petit-séminaire de l’Esquile et aussi Econome.
Démissionnaire
Décédé le 23 février 1904 à Mirepoix
notice nécrologique
Jean TEYSSEYRE
« Le bon P. Teysseyre est mort ». C'est en ces termes que ses connaissances et amis se communiquent la triste nouvelle. L'homme que. nous pleurons est là tout entier : ce mot à lui seul est son panégyrique.
Teysseyre (Jean) naquit à Layrac, doyenné de Villemur, au mois de mars 1824. Il était parmi les aînés d'une famille de propriétaires, riche en enfants et en vertus, entourée d'une juste considération. Jean fut le premier prêtre de sa maison ; le second fut Antoine, attaché pendant vingt ans au clergé d'Afrique, plus tard desservant de la Magdelaine, près Villemur, qui l'a précédé de quelques mois dans la tombe. Une de ses sœurs est morte Carmélite à Montauban; aujourd’ hui une petite nièce parfume de ses qualités le couvent de Notre-Dame, Narbonne.
Après de brillantes études dans les séminaires diocésains, le P. Teysseyre fut ordonné prêtre en 1848, et entra au Calvaire la même année. Dans les missions, il fut un apôtre zélé, un confesseur patient, un prédicateur soigné. Ce mathématicien avait le culte de la phrase, qu’il avait trouvé dans son milieu à cette époque reculée. Un jour de l'Ascension, il monta dans la chaire de Saint-Etienne pour prêcher le sermon de la solennité. M. Roger, prévôt du Chapitre et amateur du beau langage, le rencontra sur ses pas après l'office, et, le prenant par la main, il lui dit Il faut convenir que le P. Caussette est un maître homme. » Etre confondu avec l’orateur toulousain sous les voûtes de la Métropole, par un aristarque de ce rang, c'était un honneur qu'aucun de ses confrères n'obtint jamais, pas même sur le chemin du cardinalat.
A Pibrac, où il fut quelque temps en résidence, il prit l'initiative d'un vaste pétitionnement adressé à l'impératrice Eugénie, tandis que le tracé du chemin de fer de Toulouse à Auch était à l'étude, à l’effet d'obtenir une gare à proximité du village, qui profiterait au pays et au pèlerinage déjà très fréquenté. Cette démarche obtint un plein succès. et n’ a pas peu contribué à augmenter le mouvement des foules vers le tombeau de Sainte Germaine. Que Sainte Germaine le lui rende.
Mais c’est à l'Esquile que s'est écoulée la meilleure partie de la vie du P. Teysseyre. Il y professa d'abord les mathématiques qui étaient sa spécialité. Il donna plus tard des leçons d'anglais, et il composa lune grammaire, selon une méthode personnelle, qui devait faciliter la connaissance de cette langue. Esprit curieux, chercheur jusqu’à la subtilité, il avait du goût pour les difficultés; non pas avec les hommes, il était si coulant! mais avec les choses, pour le plaisir de les résoudre. Il mena de front l'enseignement et la charge d'économe, dont il sut rendre les fonctions presque aimables, au moins pour 1es autres - ; il eut la consolation - nous allions dire la gloire – de voir autour de la table de famille des estomacs satisfaits et des1 cœurs contents. Quand il dut quitter l'Esquile, dans des circonstances douloureuses, en jetant un dernier regard sur cette chère maison, il dit : « Pourquoi ne pas me laisser achever d'y mourir? » Un peu auparavant il avait failli être exaucé.
Il se retira à Bessières, en compagnie de son frère; c'est là qu'il a vécu Ses dernières années, édifiant les fidèles par sa piété, en bonnes relations avec les pasteurs de la paroisse, mettant à leur service le reste des forces que l'âge et les infirmités lui avaient laissées.
Quel prêtre fut le P. Tesseyre, on le sait assez. Très surnaturel, dans ses pensées et dans ses actions, il était enclin au mysticisme, ce mal des natures délicates et tendres. Il cherchait la clé des événements dans l'Apocalypse; le pieux Halzauhser était un de ses livres de chevet. Chez lui l'homme était doux, bienveillant, indulgent dans les jugements, plutôt optimiste ; discret en paroles. patient dans les épreuves ,une âme de colombe. Il avait dans la tête tous les angles d'Euclide et de Legendre ; il n'en avait pas dans les rapports que les affaires lui créaient.
La mort l'a frappé à Mirepoix, près Villemur, chez M. Tesseyre, son neveu, où, après la mort de son frère, il a trouvé un foyer, des affections et les soins que réclamait sa vieillesse. Le prêtre ami qui l'assisté nous a raconté avec émotion la foi vive, la résignation, la paix et la sérénité avec lesquelles il a reçu les derniers sacrements. C'était le soir d'une belle existence de quatre-yingts ans, dont cinquante-six de sacerdoce et de religion, éclairés déjà des premières lueurs du Paradis.
.Les nombreuses générations de prêtres et de laïques sorties de l’Esquile n'oublieront pas devant Dieu celui qui fut pour les uns un directeur affectueux, pour les autres un maître distingué, pour tous le père nourricier de leur jeunesse.
Parmi les prêtres du Sacré Cœur, dispersés par la tempête, les ares survivants ont versé leurs larmes et leurs prières sur celui qui fut leur frère et le compagnon de leurs épreuves. Ils garderont pieusement sa mémoire, douce comme le miel des abeilles que pendant sa vie il aimait à cultiver.
P. A.
Semaine Catholique de Toulouse – du 6 mars 1904 page 250
L’avis de décès a paru la semaine précédente le 28 février, signé E - F Touzet, Vicaire Général. La mort de Jean est intervenue le 23 février.

Les deux frères : à gauche, Jean - à droite : Jean-Antoine
Jean assura maintes prédications. La semaine Catholique de Toulouse en mentionne quelques unes.
Ainsi :
- début janvier 1862, une retraite à Calmont, avec deux autres pères
- la retraite d’adoration, durant 15 jours, à la paroisse Saint Nicolas (« prédication conçue avec force et exposé »e avec chaleur »)
- le carême de 1863 à St Pierre.
JEAN-ANTOINE TEYSSEYRE
Né le 13 janvier 1832 à Layrac (31340),
prêtre, attaché pendant 20 ans au clergé d’Afrique
Elève au Petit Séminaire de l’Esquile,
Ordonné à Alger le 19 décembre 1857 à Alger,
Rentre en France en 1879.
Curé de la Magdelaine le 1er février 1879,
Pèlerin à Jérusalem en avril 1888 du 12 avril au 29 mai,
Retiré à Bessières en 1899,
Décédé le 20 janvier 1903 à Bessières.
Selon des renseignements communiqués par M. l’archiviste du diocèse d’Alger,
Il est arrivé à Alger le 2 octobre 1854
- a fait ses études théologiques au Grand séminaire de kouba.(Alger)
- est ordonné le 19 décembre 1857
- vicaire à Meliana le 20 juin 1858
- desservant d’Affreville le 3 juillet 1860
- desservant de Duperré le 14 décembre 1861
- desservant de Novi le 9 mars 1865 - près de Cherchell [6 km] en 1867,
- desservant d’Aumale en 1872 et aumônier militaire
Archevêques d’Alger :
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Mgr Antoine-Augustin Pavy , nommé à Alger le 25 février 1846, décédé le 16 novembre 1866,
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Mgr Charles-Martial Lavigerie (1825-1892), nommé à Alger le12 janvier 1867, décédé le 26 novembre 1892,
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Mgr Prosper-Auguste Dusserre, nommé à Alger le 26 novembre 1892, décédé le 30 décembre 1897.
A son retour en France, curé de la Madgelaine le 1er Février 1879 ; il y resta 18 ans [ 1882], demeure à Bessières en 1899, les funérailles célébrées le mercredi 21 janvier 1903.
Il possédait des biens à Sayrac des biens (terres) et en indivision avec son frère Jean, prêtre et sa sœur Marie, la petite maison « ancien presbytère », bien provenant de la succession paternelle.
Il est le frère de Jean-Baptiste, propriétaire de Sayrac et l’oncle de Louis Teysseyre
notice nécrologique
Jean-Antoine TEYSSEYRE
Le mercredi 21 janvier, la chrétienne population de Bessières faisait à un saint. prêtre de magnifiques funérailles. La veille, M. l'abbé Teysseyre, ancien curé de la Magdeleine, doyenné de Villemur, avait rendu à Dieu sa belle âme. Le long Cortège qui accompagna sa dépouille mortelle, le recueillement de cette foule visiblement émue, la belle couronne de prêtres entourant son cercueil, tout cela disait assez en quelle haute estime, en quelle vénération profonde on tenait ce prêtre dont l'éloge était sur toutes les lèvres. Antoine Teysseyre. naquit, sur la paroisse de Layrac, doyenné de Villemur en 1832 , d'une famille patriarcale, chez qui l'honneur et la vertu sont de tradition. Il était le plus jeune, et le onzième enfant de cette admirable famille. Trois de ses sœurs allèrent choisir dans meilleure part; lui-même, entraîné par sa piété naïve, ne tarda pas à suivre un. de ses frères dans. le sanctuaire.
C’était presque au lendemain de notre conquête algérienne. La colonie manquait de prêtres. Le jeune Teysseyre n'hésita pas, et pendant vingt ans, avec une activité que n' arrêtèrent ni les ardeurs d'un climat meurtrier, ni les dangers de tout genre, on le vit se livrer sans mesure à un fécond et laborieux ministère.
Sa belle conduite pendant une redoutable épidémie de choléra lui mérita les félicitations officielles. et le poste important d’Aumale.
Mais soudain, sa santé gravement ébranlée l'obligea à venir demander à l’air natal un peu de soulagement. Le vaillant ouvrier avait droit au repos ; les natures de cette espèce ne peuvent pas s'y assujettir ; il sollicita et obtint facilement le poste de la. Magdeleine ; l’abbé Teysseyre n'était pas ambitieux.
Ce fut pendant les dix-huit, ans. qu'il passa dans cette humble paroisse, le pieux et éloquent curé de Bessières nous le dit le jour des obsèques, en quelques paroles où vibrait toute son âme.
« Ce fut un bon prêtre, le vrai prêtre de Jésus-Christ ; se faisant tout à tous ; doux, et humble lui-même, il était surtout l’ami des humbles, et des petits qui le lui rendaient. Ce qu'il fut au milieu de ses confrères ? Ils le savent tous et en garderont longtemps le souvenir . Ce fut bien l'Homo simplex et rectus de l'Ecriture. Il n'était pas possible de ne pas l'aimer, ce prêtre, dont le large et bienveillant sourire, l'accueil empressé attiraient les cœurs et les retenait. Avec 1ui le modeste presbytère de la Magdeleine était devenu le rendez-vous classique de la douce gaîté. Que dire de son dévouement ? C’était l’obliger que lui demander un service, dont il doublait le prix par son empressement à le rendre. »
Pourquoi faut-il qu'une grande douleur vînt attrister cette âme si bonne, et obliger le dévoué pasteur à s'éloigner du troupeau qu'il aimait tant, au milieu duquel il désirait mourir? Pendant huit ans M. Teysseyre avait vainement lutté pour la reconstruction de son presbytère, vrai tombeau où s'ensevelissaient bien des victimes A la fin, découragé, et se sentant lui-même frappé, il dut se résigner à la retraite ; trop tôt pour son cœur brisé, trop tard pour sa santé. Il se retira donc à Bessières emportant le germe déjà bien développé de la maladie qui l'a terrassé.
A Bessières M. l'abbé Teysseyre fut ce qu'il avait été partout , l'homme effacé et discret, l'ami généreux et empressé, le prêtre d' une régularité exemplaire, un modèle toujours. Durant la dernière période de sa cruelle maladie, il donna toute la mesure de sa te piété et de sa résignation. Pas une plainte, pas un murmure « Parlez-moi du bon Dieu, disait-il ; mon Dieu que votre volonté soit faite. » C'est dans ces sentiments que le fidèle serviteur expira entre les bras de son vénéré frère, le P. Teysseyre, prêtre du Sa Cœur , terminant son sacrifice à l'heure où régulièrement il montait à l'autel pour offrir celui de la grande Victime.
Daigne le miséricordieux Jésus lui donner la place promise aux doux et aux humbles. A .C.
Semaine Catholique de Toulouse - funérailles le mercredi 21 janvier 1903 ; + le 20 janvier.
Curé de La Magdelaine
plainte contre le desservant Teysseyre
lettre au Préfet du maire adjoint Constans de La Magdelaine
copie adressée à l’archevêque le 12 mars 1887
2 Mars 1887
Le 14 février passant sur la place publique de la Magdelaine, tel fut mon étonnement de voir démoli un magnifique piédestal sur lequel était planté une croix en fer. Après avoir pris des renseignements à ce égard, ce fut en vain le curé de notre commune, l’abbé Tesseyre qui venait de faire opérer le dite démolition de sa propre autorité. J’ai sommé immédiatement ce dernier par le garde champêtre de rétablir à ses frais le dit monument communal dans un espace de quinzaine, ce délai passé, rien n’a fait mention de reconstruire.
C’est une simple dénonce, M. le Préfet que je viens faire à votre grande compétence. J’espère bien que vous donnerez des ordres et que vous ferez faire une enquête sur ce fait par M. le juge de paix, de manière à savoir si ça a été fait par malice ou par une utilité quelconque que personne ne comprend pas trop. Recevez, M. le Préfet – Constans, maire adjoint de La Magdelaine.
En marge :
J’ai communiqué à M. le desservant de la Madeleine la plainte dirigée contre lui, suite à la démolition d’in piédestal établi sur un terrain communal. Il résulte des explications fournies par l’accusé que le [??] avait été construit par les soins de la fabrique, que celle-ci par l’intermédiaire du desservant avait le droit d’en faire enlever les matériaux pour les employer à la construction d’u nouveau piédestal sur lequel il élever le souvenir des dernières prédications extraordinaires données à la paroisse. Vous penserez comme moi si l’on pense, M. le Préfet, qu’on ne peut donner aucune suite à la plainte de M. l’adjoint au maire de la commune de la Madelaine.
Ecrit à M. Le Préfet le 5 avril 1887